Madeleine Albright sur sa collection d'épingles et ce qu'elles signifient

Aussi loin que je me souvienne, j'ai adoré les épingles. Ma mère les portait souvent, j'ai donc grandi avec l'idée qu'ils étaient une façon élégante et amusante de montrer votre personnalité. Mais ce n'est que lorsque je suis devenu ambassadeur des États-Unis aux Nations Unies en 1993 que j'ai réalisé que les bijoux pouvaient prendre un tout nouveau sens.

À l'époque, il n'y avait pas beaucoup de femmes qui participaient aux négociations internationales; en fait, j'étais le seul membre de tout le Conseil de sécurité. Le cessez-le-feu de la guerre du golfe Persique [en 1991] s'était traduit par une série de résolutions sur les sanctions, et c'était mon travail de veiller à ce que les sanctions soient maintenues. Ce faisant, j'ai critiqué presque tous les jours [le dictateur irakien] Saddam Hussein, ce qu'il méritait, car il avait envahi le Koweït et refusait de se conformer aux résolutions.

Tout à coup, un poème est sorti dans la presse irakienne [contrôlée par le gouvernement] qui me comparait à beaucoup de choses, parmi lesquelles une « serpent." Cela m'a rappelé une épingle à serpent que j'avais à la maison, alors quand je devais rencontrer à nouveau des responsables irakiens, j'ai décidé que je le ferais porter. Alors que je sortais de la réunion, il y avait un groupe de journalistes, et l'un d'eux m'a demandé pourquoi je portais l'épinglette serpent. Lorsque les caméras ont zoomé, j'ai souri et j'ai dit que c'était juste ma façon d'envoyer un message.

Puis j'ai pensé, eh bien, cela pourrait être intéressant. J'ai toujours aimé les bijoux fantaisie, mais il ne m'était jamais venu à l'esprit qu'une épingle pouvait également être utilisée comme symbole diplomatique jusqu'à ce moment précis. Alors j'ai commencé à magasiner pour plus.

Les bons jours, quand je voulais projeter la prospérité et le bonheur, je mettais des soleils, des coccinelles, des fleurs et des montgolfières qui signifiaient de grands espoirs. Les mauvais jours, j'attrapais des araignées et des animaux carnivores. Si les progrès étaient plus lents que je ne le souhaitais lors d'une réunion au Moyen-Orient, je porterais une épinglette en forme d'escargot. Et quand j'avais affaire à des gens grincheux, je mettais un crabe. D'autres ambassadeurs ont commencé à le remarquer, et chaque fois qu'ils me demandaient ce que je faisais un jour donné, je leur disais: « Lisez mes épingles.

Quand je suis devenu secrétaire d'État [en 1997], je suis devenu plus délibéré dans la façon dont j'ai utilisé le symbolisme de mes épinglettes. Je représentais les États-Unis, il était donc important que j'aie l'air digne, mais j'adorais aussi m'habiller comme une femme, et les épingles ont aidé à injecter de l'humour, de la personnalité et des messages dans ce qui était très sérieux fois. Et je dois avouer que je me suis beaucoup amusé avec. Surtout essayer de comprendre dans quelle mesure mon message a été reçu.

Il y avait une histoire derrière chaque choix. Je portais une abeille quand je parlais au [président de l'Autorité palestinienne] Yasser Arafat, parce que les abeilles piquent et que je devais délivrer un message clair. Et quand nous avons découvert que les Russes avaient mis le Département d'État sur écoute, nous avons fait ce que font les diplomates, c'est-à-dire une démarche à Moscou. Mais la prochaine fois que j'ai rencontré le ministre russe des Affaires étrangères, je portais une énorme épinglette, et il savait exactement à quoi je faisais référence.

Parfois, mes épingles elles-mêmes devenaient une partie de la conversation. La reine Elizabeth II porte aussi souvent des épingles, et puisque nous avons cela en commun, je lui ai envoyé une note à ce sujet. Mais il y a eu une fois où j'ai vraiment fait une erreur avec quelque chose que je portais. Cela avait à voir avec une photo amusante prise du président [Bill] Clinton, du secrétaire à la Défense Bill Cohen et de moi dans la salle verte lors du 50e anniversaire de l'OTAN [en 1999]. Nous faisions les gestes "ne vois pas de mal, n'entends pas de mal, ne dis pas de mal", et bien que nous ayons l'air de fous, la photo s'est terminée en Temps magazine.

Plus tard, je suis tombé sur un pin's représentant trois singes faisant le même geste, alors j'ai décidé de le porter quand nous sommes allés à Moscou en 2000 pour une conférence au sommet. Lorsque nous entrions, le président [Vladimir] Poutine a dit au président Clinton: « Nous remarquons toujours les épinglettes que porte le secrétaire Albright. Et puis il s'est tourné vers moi et a demandé: "Alors pourquoi portez-vous les singes?" À ce moment-là, j'ai dit: « Parce que je pense que votre politique en Tchétchénie est mauvaise. Il était furieux, pour de bon raison. Et le président Clinton m'a regardé et m'a dit: « Êtes-vous fou? Vous êtes le chef de la diplomatie américaine et vous venez de gâcher tout le sommet."

Cela ne s'est pas bien passé, mais la plupart des gens ont répondu positivement aux signaux que j'envoyais. L'une de mes épinglettes préférées était une colombe en or que m'a donnée Leah Rabin [veuve du Premier ministre israélien Yitzhak Rabin, qui a été assassiné en 1995]. J'ai commencé à le porter chaque fois que je faisais des discours sur le Moyen-Orient. Plus tard, quand j'étais à Jérusalem, elle m'a envoyé un collier avec des colombes en or dessus avec une note qui disait: « Il faut plus d'une colombe pour faire la paix au Moyen-Orient.

Il y en a eu tellement d'autres significatifs au fil des ans - l'aigle vintage que je portais lorsque j'ai prêté serment en tant que secrétaire d'État, le zèbre que je portait avec [le président] Nelson Mandela en Afrique du Sud, la belle épinglette en améthyste que m'a donnée un militaire à la retraite qui a gagné deux Purple Hearts. J'ai aussi une série d'épinglettes qui célèbrent les problèmes des femmes. L'un est une broche de plafond en verre qui a un symbolisme évident. C'est important pour moi, pas seulement pour les choses que j'ai pu faire [en tant que première femme secrétaire d'État], mais aussi je l'ai porté quand Secrétaire [Hillary] Clinton était candidat à la présidence [en 2016]. Il montre le plafond de verre dans son état idéal - qui est brisé.

Les gens me demandent souvent combien d'épingles j'ai récupérées, et je ne sais vraiment pas. Il y en avait plus de 200 dans l'exposition de mes épinglettes au [N.Y.C.'s] ​​Museum of Arts and Design [in 2009]. Et depuis lors, les gens m'ont probablement donné encore quelques centaines. Avec tout ce qui se passe dans le monde, j'ai porté mon épinglette de la Statue de la Liberté le plus récemment parce que nous avons un grand besoin d'être généreux dans la façon dont nous accueillir les gens dans ce pays en ce moment. J'ai également porté un globe avec un ange assis dessus, qui souligne les responsabilités que nous avons tous les uns envers les autres en tant que monde.

L'une des principales raisons pour lesquelles j'ai commencé à porter des épinglettes est que j'ai toujours voulu rendre la politique étrangère moins étrangère. Les épingles sont quelque chose auquel les gens peuvent s'identifier et qui ne ressemble pas à un manuel. Et c'est pourquoi je les donne maintenant à la Musée national de la diplomatie américaine au département d'État. Pour moi, ils n'ont toujours été qu'un moyen de communiquer avec les gens. Qui savait qu'un petit objet inanimé pouvait en dire autant.

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